Je l'observe porter à sa bouche le pain beurré, elle le savoure, elle savoure le moment de tranquilité, le moment où rien n'est important, le moment de pouvoir prendre son temps assise sous la prima-chaleur de cette journée de vacance qui s'annonce langoureusement, où elle se laisse vivre, où elle laisse s'écouler les minutes, tout doucement...
Moi, je suis là attendant, patiemment que dans ses bras je puisse me jeter.
Ah ! Enfin !, elle se lève tout en trémoussant son derrière, emportée par je ne sais quelles mélodies, ses pieds nus dans l'herbe encore humide, va s'asseoir par terre, je la suis, vais m'imposer, accaparer son temps et elle va simplement aimer cela.
Je m'approche, sa main venue à ma rencontre, caresse tout le long de mon corps, humm c'est bon, allez, je me laisse tomber dans ses bras, elle me rattrapera car depuis longtemps elle est passée maître d'anticiper mes maladresses, sa présence à mis de la confiance en mes gestes, elle le fait par amour pour moi, comme le fait de passer sur mes bêtises...
Et hop !, je me lance, même pas fait mal, et hop !, risque zéro, et hop ! sur le flanc, et hop ! sur le dos. Pour moi aucun combat, le respect de la paix et de l'harmonie règne dans l'espace de mon chez moi.
Afin de protéger, de laisser reposer (!!!) mes oreilles du son, elle s'est placée de drôles de petites choses dans les siennes, c'est curieux, c'est amusant, des fils pendouillent de ces petites boules, et vas-y que je les attrape, et vas-y que je les mordille...
Allez ! Un petit moment de tendresse, un bisou sous le cou, un bisou par ici, une papouille par-là, un guiliguili, humm j'aime, elle le sait, mes yeux me trahissent par leurs étincelles de malice, doucement je les plisse, puis, je tapote tout contre son corps, j'écarte mes coussinets sur sa peau chauffée par le soleil, je les serre, je les desserre, dans son sourire je lis que le moment est partagé, apprécié. Je m'abandonne, tout entière, entre ses mains, les mêmes qui m'ont d'une mort certaine, retirée à la "loi du plus fort", car différente je suis.
Mais les différences sont des richesses ne cesse t'elle de répéter, je suis donc une richesse !
Incapable d'attraper souris, oiseaux, sauter ou grimper agilement je ne peux, d'ailleurs même en marchant je m'emmêle mes pattes, le danger je ne le perçois pas, mais j'ai des rêves, des rêves comme les autres.
Allez ! Fait moi en vivre un, procure-moi de nouvelles sensations !
Dans les airs, elle me soulève, mes yeux d'instinct de prédateur se mettent à briller, lorsque prêt de tous les insectes qui virevoltent, elle me place. Je goûte à leurs jeux de toute ma gourmandise et de toute mon excitation, espérant les attraper, sans trajectoire précise, enlaçant l'air, je joue à chasser.
Allez ! Encore un bisou entre les oreilles, encore une caresse et délicatement à terre je suis déposée. Déjà, un autre arrive cueillir ses brindilles d'amour, qui sont semées, au grès de nos envies, tout au long de la journée.