La graine des pensées du jour se veut hommage à tous les coeurs chavirés !
Comme tous les jours, depuis fort longtemps, il a foulé des pieds, la terre dorée par le soleil, celle gelée par les flocons blancs, tissé patiemment les toiles qui régissent son existence, dicte ses lois, protège sa foi. Mais voilà, qu'aujourd'hui devant l'entrée de sa forteresse, de son refuge une étrange sensation l'envahit...
Cette porte immense, suspendue aux étoiles, forgées par la force, la puissance d'aciers provenant d'une autre époque, où chevaliers, anges et éléments se côtoyaient, se combattaient, se respectaient aussi ; armure, bouclier du monde qui l'entoure, protection de tumultueuses épopées, de rêves égarés, celle là même que bien des guerrières effarouchées ont tenté, en vain, de franchir. "Elle est inviolable !" se dit-il.
Sans bruit, discrètement, sans clé, pousse les battants, pénètre dans cet espace, espace sans temps, sans fin, cet espace simplement sien.
Atteignant le sommet du seul rocher, assez haut pour pouvoir scruter l'horizon, il se met à la recherche de cette sensation toujours là, perceptible, ce souffle de légèreté se dévoilant, peu à peu à lui.
Elle est parfum enivrant, vertige insolent, saveurs sucrées d'un bonbon longuement dégusté, petits scintillements dans le noir, elle est présence partout et nulle part à la fois, accompagnant désormais toutes ses nuits, toutes ses journées.
Le visage de l'évidence vient de le percuter. Tout son espace est conquit ! Pourtant la serrure n'a pas été forcée, il est toujours libre de se promener, de voyager, mais toutes les émotions sont en proie à l'explosion. Il y a cette douce chaleur, ces paysages colorés, d'autres contrées qui s'y sont dessinées, d'autres richesses partagées, des notes de musique qui virevoltent sans s'essouffler, de la joie, du bonheur jouant, côte à côte dans le même jardin.
Ce sentiment à pris possession de ce qui l'entoure, traversé les barrières, les frontières, sans passeport, sans manière, s'est installé paisiblement avec ces yeux innocents, il est en lui, l'a transcendé, il doit bien l'avouer.
"Au diable les voix de la sagesse ! Au diable la fierté ! Au diable les craintes !"
C'est avec ivresse qu'il lui ouvre l'âme de son coeur, que dans le creux de Son Lui, a fait de la place pour le laisser grandir et s'épanouir, le regarder vagabonder au grè de ses envies, le laisser chanter sur ses rythmes affolés, le laisser dormir.
Sa fragilité est si belle, si envoûtante que pour lui, il est prêt à tout lui abandonner pour que dans son espace, encore longtemps, il daigne rester ........