Elle a ôté ses souliers
Devant la porte les a laissés
Sans s'annoncer
Elle a fait glisser ses cheveux
Comme un baiser mortel d'amoureux
Puis on a pris conscience
De sa force, de sa puissance
Quand le regard perdu
Glissé sur un monde inconnu
Celui des maisons dévastées
Des arbres déracinés
Des animaux apeurés
Des forêts disparues
Le tout dans une totale cohue
Jamais de mémoire d'ancien
On avait connu
Telle catastrophe
Ni lors des raids aériens
Ni lors des hivers Alsaciens
Lorsque enfin elle s'en est allée
Les humains tels des fourmis
Se mirent à évaluer, à réparer
Mais les oiseaux eux pendant des jours
Entiers se turent
Comme s'ils portaient le deuil, à eux seuls
Du monde entier
Car en effet, il n'y aura pas assez
D'une génération pour que la nature panse ses plaies
Pour que les animaux retrouvent
Leur mère nourricière
Reste à prier que la leçon
Nous sera profitable
Que nous retrouverons un peu d'humilité
Un peu de sagesse
Un peu de valeurs véritables
Un peu de simplicité devant la création