Les pensées des soleils
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 Les mois d'août

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Eolé




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Localisation : Alsace/France
Date d'inscription : 06/03/2007

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MessageSujet: Les mois d'août   Les mois d'août Icon_minitimeMer 23 Juil - 19:13

Cela fait plusieurs jours que ma mère s’affaire à astiquer la maison du sol au plafond… Ringo, Sheila, Claude François…défilent sur le tourne-disque… elle entonne leurs mélodies et danse son chiffon à la main… elle est belle… ses longs cheveux noirs tranchent avec l’orange de sa robe… et soudain m’invite à sa ronde, me prenant par les poignets, mes pieds sont soulevés au-dessus du sol et tout autour d’elle me fait m’envoler ! waw ! waw ! j’aime ça !!!…mes cris de joies retentissent et nos regards d’enfants éternels se croisent dans une complicité d’un plaisir partagé…. Hummm comme c’était bon ces « youplassss ! »

Le frigo se vide peu à peu… dans le coin de la chambre où le papier peint des années 70 affichent ses couleurs d’une gaité fleurie, plusieurs valises attendent, avec impatience, de recevoir les derniers préparatifs avant de se voir refermer.
Le jour avant le départ, sur le parquet de bois de la salle à manger, maman avait disposé deux grandes bassines en plastique bleu transformées pour l’occasion en piscine à plantes vertes, elles resteront ainsi les pieds dans l’eau sous l’œil attentif du soleil venant leur caresser le visage par les baies vitrées et cela, tout le mois que va durer notre absence….
Dans le coffre de l’imposante automobile, les valises se sont logées entre les souvenirs emportés de France pour la famille et les amis, les glacières remplient de bons petits mets pour les deux jours que vont compter notre périple, embaument tout le compartiment. Nous y trouvons des fruits, des salades préparées, des saucissons, des feuilletés, des sodas, de l’eau…une miche de pain de campagne, sous un torchon emballé…
Cette journée là, précédent le départ, la sieste de l’après-midi était de rigueur car la nuit venue le gros « vroum » de la voiture se ferait entendre… mais comment s’endormir ?!!!

Voilà, enfin le mois d’août !!!!!

Ma sœur dort paisiblement sur la banquette arrière … quant à moi je ne peux fermer les yeux… tout est découverte, tout est émerveillement… les régions se succèdent, les arrêts sur les tronçons d’autoroute ou sur les prés aux abords des chemins…je ne peux détacher mon regard de ce qui m’entoure et lorsque la nuit finit par tomber, c’est au tour des étoiles de ce voir explorer…

Arrivée à la première frontière à franchir, des douaniers contrôlent nos papiers et à partir de ce moment là nous sommes des étrangers sur une terre étrangère à traverser, mais aussi, une horde d’immigrés qui se croisent allant dans la même direction de ce qui est leur passé…
Dès que j’aperçois une voiture un « F » apposé à l’arrière c’est les grands coucous par la vitre, des sourires et des bisous qui s’échappent d’une auto à l’autre, l’apogée de l’excitation étant lorsque près de ce « F » je peux lire un 67 ! une reconnaissance patriotique de notre nouvelle région d’origine se fait sentir entre nous « peuple étranger où qu’il soit désormais … » retournant aux sources pour s’imprégner de la nostalgie d’autrefois tout en se réjouissant de rentrer, d’ici un mois, à ce qui est devenu notre foyer…
Je me souviens des décors à la « western », des cols sinueux, tenant nos vies suspendues au-dessus des ravins … puis le voilà enfin, face à nous, le pays de mes aïeux, « Portugal » indique un panneau…
Les effluves particulières des forêts de pin dorées par le soleil se mélangent aux gourmandises alléchantes des marchands de fruits aux abords des routes…. Wawwww les géantes pastèques ! et Hummm c’est quand que je peux gouter aux melons ??!!!

Nationales, départementales puis routes à palmiers où seul une voiture peut circuler à la fois, sur d’anciens pavés, avant d’arriver au portail rouge ! la vue du portail fait battre mon cœur en chamade, la voiture met trop de temps pour se garer … j’aurai voulu sauter d’elle en marche et courir l’ouvrir… cette demeure est celle de mes grands-parents. Une bâtisse blanche, les fenêtres et les portes ouvertes vous invitent à entrer, des rosiers en haies vous mènent jusqu’à l’arrière de celle-ci et là… une île paradisiaque ! A ma droite, une terrasse couverte par les raisins grimpants qui va se prolonger tout le long des trois jardins en paliers successifs… c’est sous celle-ci que grand-père me tient par la taille entourée de ses bras puissants faisant office de forteresse pour me protéger du monde, me raconte des heures durant, ses épopées jusque dans le ciel étoilé et tous les matins, sur la pointe des pieds, je me glisse hors de mon lit et je vais le rejoindre aux aurores pour regarder le soleil se lever sur le magnifique spectacle du renouveau de la vie… des légumes, des fruits, des fleurs, des coccinelles, des papillons …. deux lavoirs en pierre où l’eau de source coule et arrose doucement toutes les parties basses et des escargots qui profitent de l’aubaine pour voyager… dans lesquels pour me rafraichir je fais des éclaboussures de bonheur…des clapiers que je vais m’empresser de visiter et une fois les câlins aux lapins distribués je les laisserai s’enfuir dans le pré…un poulailler empli d’une famille de tendres poussins jaunes près desquels je passe des heures à émietter le pain que me donne grand-mère en pensant « comme elle a bon appétit, notre Elsinha (petite Elsa) »…hihi et un coq aux couleurs chatoyantes, fier de sa voix qui me réveillera à l’aube de chaque matin…cet endroit était un havre de paix où je prenais plaisir à m’amuser de tout ce qui était à la porté de ma vue et aussi de celle de mes petites mains hihihi….
Grand-père a rangé ses trophées de chasse empaillés dans un grand coffre en bois à l’abri de ma sensibilité, grand-mère quand à elle est partie acheter le fromage, nos biscuits préférés qu’elle a caché dans l’armoire de la salle à manger et la délicieuse Broa (pain traditionnel)…
Ohhhhhh ! Comme il faisait bon vivre ces mois d’août !!!…

A peine arrivée…. C’est quand qu’on y va ?!!! La réponse à cette question est un rire débordant de mon cœur…la voiture n’a pas le temps de s’arrêter, je n’ais pas le temps d’ôter la robe et les souliers… que je me suis déjà enlacée, à corps perdu dans ses bras déployés pour m’accueillir… les vagues viennent se fracasser à mes pieds, je sens ses mains s’agripper et tenter de m’entrainer et malgré ma résistance à sa force, elle se joue de moi comme elle l’entend…
Comme je l’aime ma mer chérie… celle qui ne me disait jamais ce qu’il y avait à l’autre bout de son horizon lorsque je la questionnais, celle qui me cachait son fond alors que j’aurai aimé jouer avec les poissons… je devais me satisfaire de débusquer quelques poulpes, de toutes leurs ventouses accrochées sous un rocher, des algues, des coquillages un peu partout éparpillés… de ces aventures il m’en reste une petite poignée précieusement gardée durant toutes ses années.
Mes parents me rappellent à l’ordre, je dois aller me mettre en bikini. Je m’exécute sous la grande tente en toile plantée sur le sable, j’en profite pour déballer ma panoplie de toute vacancière accomplie… un sceau aux décors marins, un tamis, une pelle, un râteau pour construire le fameux château de sable habité par des personnages éphémères…
Rester sagement assise alors que la mer chante mon prénom ?!… je sautille ivre de vie, je cours sur le rivage défiant cette rebelle indomptable de venir m’attraper… je cours à perdre haleine lorsqu’un pêcheur crie « hé mininha, hé mininha (hé fillette) !!! » « Bouhhh » mais qu’est ce qu’il me veut celui-là ? ne voit-il pas que je vole là ! Je le vois s’élancer à ma poursuite et plus ses pas viennent à ma rencontre et plus mes rires se mêlent de joies et de peurs à la fois… des mains soudain m’agrippent stoppant net ma course folle et hihihi je n’ai pas saisi qu’en fait l’hameçon de sa ligne est venu ferrer, pour sûr un poisson frétillant ! une sirène en bikini ! hihihi

Ah les mois d’août ! …. Mes merveilleux mois d’août ! quelques mois dans une poignée d’années où la petite fille se transformait en un joyau placé dans l’écrin d’amour de son grand-père et qui ont laissé dans mon cœur, une trace indélébile de bonheurs intenses et une toile de souvenirs possédant des couleurs avec lesquelles aucun artiste ne saurait rivaliser….
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